JAEA 3, 2018, pp. 100-139
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Nouvelles données et interprétation des vestiges du temple de Sésostris Ier à Tôd

François Larché

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À Tôd,1 deux pylônes miniatures inscrits aux noms de Ptolémée IV Philopator (221-205 av. J.-C.) furent construits de part et d’autre de la rampe d’accès au quai-tribune, relié au temple par un dromos. Ces pylônes laissent supposer un projet beaucoup plus vaste comme la construction d’un nouveau temple. Un demi-siècle plus tard, ses successeurs adossèrent (ou bien seulement décorèrent ce qui ne l’était pas encore) deux vestibules en grès à la façade du temple en calcaire de Sésostris Ier. La décoration s’est étalée sur près de trois siècles. Elle est aux noms de Ptolémée VIII Évergète II (145-116 av. J.-C.), Ptolémée X Alexandre Ier (107-88 av. J.-C.), Ptolémée XII Néos Dionysos Aulète (80-51 av. J.-C.) et Cléopâtre VII (51-30 av. J.-C.) alors que les parements extérieurs furent décorés beaucoup plus tard sous Antonin le Pieux (138-161 ap. J.-C.). Certains constructeurs avérés comme Ptolémée VI ou IX2 ont mis en œuvre de grands projets architecturaux dans d’autres temples thébains. Cependant, leur intervention n’apparaît pas (ou n’a simplement pas été conservée) dans la décoration des vestiges ptolémaïques à Tôd. Comme le montrent de nombreux exemples du Nouvel Empire à Thèbes, la décoration du temple de Tôd doit être dissociée des phases de sa construction.

Une large place y est accordée à Montou et à ses compagnes, Tanent et Rattaouy, à laquelle une salle est consacrée. Cette salle ‘des déesses’ donne accès à des cryptes dans lesquelles sont représentées près de 120 statues et objets cultuels, dont une évocation d’un naos en or. Le cartouche xpr-kA-ra gravé sur la représentation de ce naos est commun à Sésostris Ier et Nectanébo Ier. Le naos d’origine ayant disparu, aucun critère stylistique ne pourra jamais permettre d’attribuer son éventuelle décoration à un règne ou à un autre. N’étant pas philologue, il m’aurait été impossible de prendre parti dans un débat épigraphique d’autant plus que les critères stylistiques sont toujours à prendre avec précaution. Cependant, Nectanébo Ier, souverain3 de la 30e dynastie, ne semble pas être intervenu à Tôd où aucun bloc à son nom n’a été identifié dans le magasin du site4 alors que l’activité de Nectanébo II est bien documentée. Une attribution5 à Sésostris Ier permettrait de supposer que le constructeur ptolémaïque ait voulu démontrer l’ancienneté du temple en le rattachant à ce souverain si glorieux. Ainsi cette représentation a laissé penser que le naos existait encore sous les Ptolémées dans un temple plus ancien. Ce dernier, intact ou partiellement remanié, aurait alors été restauré pour l’adapter aux besoins liturgiques de l’époque.

À Karnak, les observations faites par E. Laroze6 sur les remplois dans les fondations du temple d’Opet m’ont incité à reconsidérer l’hypothèse que j’avais proposée dans les mélanges Murnane7 et dans laquelle j’attribuais au Nouvel Empire, à la suite de B. Kemp,8 la construction du radier du temple de Tôd. En effet, après avoir observé les photographies et le plan des fouilles de Bisson de la Roque, il semble aussi possible d’imaginer ce radier comme une fondation installée à l’époque ptolémaïque. Le plan des fouilles montre un dallage en brique crue9 (pl. 10a), tangent aux côtés sud et est du radier. Avant son démontage par Bisson de la Roque, ce dallage se poursuivait jusqu’au parement intérieur de l’enceinte sud qui lui est contemporain.10 Bisson de la Roque propose que cette enceinte et le dallage associé en brique soient contemporains de la construction du vestibule ptolémaïque. Les observations qui vont suivre allant démontrer que le radier est également ptolémaïque, il est possible d’établir dès maintenant un lien entre le radier et le dallage en brique.

Selon moi, ce radier a dû supporter toutes les superstructures du sanctuaire et des chapelles adjacentes du temple à l’époque ptolémaïque. Dans cette hypothèse, le plan du temple de Tôd se rapprocherait alors des plans des temples d’Edfou et de Denderah (à Esna la partie arrière n’est pas dégagée) sur lesquels la partie donnant accès à la cella (vestibule ou salle hypostyle) est légèrement plus large que celle-ci. Les deux courts parements orientaux du vestibule auraient alors ici pu être préparés pour recevoir une décoration. La scène inachevée conservée sur la moitié sud de ce parement11 est gravée juste au-dessus de l’assise de fondation qui forme ici l’extrémité orientale de la fondation du mur sud du vestibule (pls. 17e, 20a). Il faut remarquer que c’est exactement le plan déjà proposé par Bisson de la Roque, seule sa datation différant de celle que je vais argumenter après avoir présenté les hypothèses de Bisson de la Roque en 1937 puis celle de B. Kemp en 1993.

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L’hypothèse du vestibule ptolémaïque s’adossant au temple préexistant de Sésostris Ier

En archéologie deux principes s’imposent, surtout face à un site aussi complexe :

À Tôd, les descriptions de Bisson de la Roque sont le plus souvent fiables bien qu’elles manquent parfois de précision. Sa publication de 1937 ne prétendait pas à l’exhaustivité puisqu’elle n’est que le rapport d’une fouille en cours. Toutefois, les FIFAO étant conçus comme ‘la publication’ de la fouille, Bisson de la Roque ne semble pas avoir envisagé revenir sur une fouille déjà publiée.

Cependant certaines des hypothèses qu’il en déduit peuvent être remises en cause. Sa restitution du plan du temple repose sur des observations très pertinentes comme les tracés dans le limon et les lignes incisées sur les assises du radier. Si ce plan axial peut surprendre par sa ressemblance avec celui d’un temple ptolémaïque (Dendéra, Edfou et probablement Esna), c’est parce que Bisson de la Roque date le radier du Moyen Empire. Il a fait l’hypothèse que le vestibule ptolémaïque a été adossé à la façade ouest du temple de Sésostris Ier, lui-même conservé dans sa totalité. Il a estimé que ce temple de la 12e dynastie était fondé sur le vaste radier assemblé avec les blocs provenant des monuments de la dynastie précédente. Cependant de nombreux détails rendent bien improbable la chronologie des étapes de construction du temple telle qu’il l’a proposée.12

La restitution du plan des superstructures construites sur le radier

Les tracés sur le limon (pls. 17, 18a)

Les tracés identifiés sur le limon sur lequel le radier repose ont été décrits de façon souvent énigmatique.13 En voici une interprétation la plus neutre possible :

Au-dessus de ces tracés sur le limon, des briques crues furent étalées dans une couche de sable versée sous toute la surface du radier. Certaines briques semblent être des repères, surtout celles placées de champ ou debout, alors que la plupart des autres sont posées à plat. En particulier, celles alignées au nord de l’espace C semblent avoir servi à établir le niveau de pose de l’assise 1 du radier (pls. 17, 18a).

Les lignes incisées sur les assises du radier14

Les lignes visibles sur le lit d’attente des assises du radier semblent avoir été incisées précisément à l’aplomb des tracés identifiés sur le limon (pls. 19, 20c). Ce positionnement tend à démontrer que la mise en place du radier appartient à la même étape de construction que celle dessinée dans le limon.

Les interrogations suscitées par le plan restitué de Bisson de la Roque

Ce dernier tracé du petit côté de l’espace A a gêné Bisson de la Roque qui a ajouté sur son plan15, malgré l’absence de fondation, un pilier supplémentaire de part et d’autre des deux restitués sur les plots existants. L’emplacement des petits côtés de l’espace A perturbant sa restitution, il a assimilé leur tracé dans le limon à un repère marquant l’entrecolonnement avec le pilier ajouté au nord et au sud des deux plots de fondation. Curieusement il n’a pas remarqué que, dans l’espace B, les tracés qui délimitent les petits côtés sont parfaitement alignés avec ceux délimitant les petits côtés de l’espace A. Ces tracés de l’espace A ne peuvent pas être considérés comme marquant l’axe d’entrecolonnement des 2 hypothétiques piliers que Bisson de la Roque a ajoutés, sans aucun vestige archéologique, au nord et au sud dans sa restitution.

Son hypothèse de restituer des murs à l’aplomb des tracés dans le limon, dessine des superstructures aux largeurs extérieures décroissantes d’ouest en est : l’espace A (au moins 14,80 m), l’espace B (12,30 m), l’espace C (6,40 m) (pl. 18a). Ici aussi, la description de son hypothèse ressemble souvent à une devinette.16 En voici un résumé : il estime qu’avant l’époque ptolémaïque, l’accès au temple en calcaire de Sésostris Ier se faisait par une seule porte axiale ouvrant sur un vestibule au plafond soutenu par 4 piliers en granite. Ce vestibule débouchait sur un couloir entourant les 4 côtés d’un sanctuaire axial en granite. Ce couloir desservait également neuf chapelles rayonnantes, dont trois à l’est et trois sur chacun des deux côtés du sanctuaire.17 L’ensemble formait un volume rectangulaire (20 x 25,70 m) d’une hauteur uniforme (~4,50 m sur le plafond et 3,90 m sous plafond), le sanctuaire n’étant pas moins haut que le reste.

Si le concept de ce plan correspond bien aux tracés de construction, des incompatibilités apparaissent cependant dans sa restitution :

Une observation incomplète et déformée par une certitude sur la datation du radier

S’il a bien identifié le mur en calcaire de Sésostris Ier (h : 3,90 m), qui a été partiellement conservé dans le vestibule ajouté à l’époque ptolémaïque, Bisson de la Roque n’a pas remarqué que sa fondation, également en calcaire, apparaissait indépendante de l’imposant radier20 (20 m du nord au sud et 23,5 d’est en ouest) construit adjacent à sa face orientale. Il a dû voir que ce radier se prolongeait sous les jambages de la porte axiale ptolémaïque à laquelle il servait de fondation comme le montrent deux de ses photos (pls. 7, 8b+c). En revanche, s’il a bien compris qu’à l’emplacement de cette nouvelle porte ptolémaïque le mur de Sésostris Ier avait bien été démonté, il n’en a pas conclu que sa fondation avait également été démantelée pour laisser la place à une nouvelle fondation sous la forme d’une excroissance vers l’ouest du radier. Le démontage de ce radier a montré qu’il était composé de 4 assises21 assemblant des blocs en granite, en grès et en calcaire dont beaucoup sont des remplois de monuments datés de la 11e dynastie.22

Bisson de la Roque a publié un inventaire précis des remplois qu’il a découverts au moment du démontage du radier. Ainsi, il a décompté 17 blocs au nom de Nebhépetrê-Montouhotep II23 et 23 au nom de Séânkhkarê-Montouhotep III24 (Montouhotep III et Montouhotep V chez Bisson de la Roque). Du premier, il a des éléments en grès (fragments de colonnes octogonales Ø 45 cm, trois portes avec deux linteaux), en calcaire (parements en relief dans le creux et un élément de porte) et un socle de statue en granite T1510. Du second, il décrit les éléments de deux monuments en calcaire décoré en relief, dont une dalle de plafond permettant de restituer une chapelle large de 3 coudées. Il a également extrait une architrave en calcaire (pls. 14f, 20) et un groupe statuaire en granite (pl. 16c)25 d’Amenemhat Ier, ce qui l’induit à conclure26 que le radier est l’œuvre de son fils Sésostris Ier. Pour Bisson de la Roque, ce dernier aurait ainsi remployé les éléments démantelés des monuments de ses prédécesseurs, dont son père, dans un radier de fondation sur lequel il aurait construit son nouveau sanctuaire.

Cependant, ni la description du radier faite par Bisson de la Roque ni son plan ne suffisent à prouver que d’autres éléments des 11e et 12e dynasties27 découverts sous l’église ou dans son dallage, n’étaient pas encore en place dans le radier (pls. 9, 11). La découverte la plus intriguante est celle du fragment T1992, attribué à Nectanébo II, sous l’assise supérieure du radier, dans l’axe et devant l’emplacement supposé du sanctuaire restitué par Bisson de La Roque.28

Si Bisson de la Roque n’a pas inclus dans le radier les blocs du soubassement de l’église, c’est que la plupart étaient postérieurs au Moyen Empire (infra. Les fragments en calcaire remployés dans le radier) et que son interprétation était bloquée par sa certitude que la cella de Sésostris Ier avait été conservée jusqu’à l’époque ptolémaïque. Cette certitude a perduré alors que, au contraire, je considère ces blocs mentionnés sous l’église comme faisant partie intégrante du radier initial  (infra. Les fragments en calcaire remployés dans le radier). En outre, je n’envisage pas de remaniement possible du radier puisque chacun de ses composants, même ceux en surface, apparait contemporain de la construction du radier (voir description ci-après).

Les fragments de la porte en granite de Sésostris Ier remployés dans le radier

Bisson de la Roque a volontairement exclu de son dessin du radier (Bisson de la Roque (1937a), pl. I) les fragments en granite provenant de jambages (T 1064) et de linteaux (T1545, T1075, T1127, T1128) au nom de Sésostris Ier (pls. 11-13) alors que ces fragments sont clairement dessinés sur celui des vestiges de l’église et du village (Bisson de la Roque (1937a), pl. III). Il lui était difficile de faire autrement sans rendre caduque son attribution du radier à Sésostris Ier. Il semble ainsi avoir sélectionné à sa convenance les faits archéologiques en ne représentant pas tous les blocs sur le même plan. C’est la raison pour laquelle j’ai essayé de replacer tous ces blocs dans leur contexte en superposant les deux relevés de Bisson de la Roque de façon à reconstituer un dessin unique (pl. 10a+b).29 Ce dernier permet de positionner exactement les gros fragments remployés en granite au-dessus des blocs du radier. Ainsi, ces fragments apparaissent posés sur l’assise 3 en calcaire mais ils ne sont pas tous orientés comme les blocs de cette assise.

Le radier ayant été démantelé, il n’en reste plus que les photographies. Celles-ci ne permettent certainement pas de confirmer l’hypothèse de Bisson de la Roque qui estimait que les fragments en granite avaient été apportés ici, au 6e siècle, comme fondation de l’église. Au contraire, rien ne les empêche physiquement d’être des remplois dans le radier au même titre que ceux de la 11e dynastie même si ces derniers remplois ont été découverts principalement au pourtour de l’assise inférieure du radier. En effet, il ne faut jamais oublier que plus de la moitié du volume du radier avait déjà disparu au moment de la fouille. Ainsi, cela serait étonnant que certains de ces très nombreux blocs disparus n’aient pas été décorés.

Les fragments en granite ont donc été remployés (au niveau ±0 correspondant au dallage du vestibule ptolémaïque) à la surface du radier.30 L’église construite sur ce dernier repose ainsi directement sur ces fragments (pl. 11c+d). S’ils ont bien été transportés à cet endroit lors du démantèlement du mur dans lequel la porte était encastrée, rien ne prouve que cette opération date de la construction de l’église. Bisson de la Roque avait supposé que ces fragments avaient été apportés de loin pour constituer le dallage de l’église. Cependant, cette dernière n’avait pas besoin d’être fondée sur de gros blocs en granite dont la mise en place a demandé d’importants efforts qui semblent incompatibles avec la faible qualité architecturale de l’élévation de l’église faite d’un assemblage grossier de petits blocs de pierre et de briques crues. Au contraire, à l’époque ptolémaïque, ces remplois de gros blocs en granite ont été remarqués par E. Laroze31 à de nombreux endroits de la plateforme du temple d’Opet à Karnak (pl. 25). De plus, ces fragments étant imposants, leur remploi assez proches les uns des autres permet de suggérer qu’ils soient restés près de leur emplacement d’origine.

Pour Bisson de la Roque, le remblai qui aurait servi au 6e siècle à niveler les vestiges du radier pour construire l’église se trouvait au même niveau ± 0 (soit ~30 cm au-dessus de l’assise 3 en calcaire du radier) que ce qu’il considère être, à l’époque ptolémaïque, la surélévation en grès du sol du temple de Sésostris Ier. En effet, il a proposé que, sous le constructeur ptolémaïque, au cours de la rénovation hypothétique du temple de Sésostris Ier, une assise en grès a été ajoutée aux trois assises en calcaire (et en grès) du radier. Cependant le fait que cette assise soit un ajout (et non pas d’origine comme j’en fais l’hypothèse) est d’un point de vue constructif bien difficile à argumenter sans preuves techniques tangibles. Or, il n’en a apportée aucune. De plus, il n’a pas remarqué que cet ajout d’un dallage supplémentaire en grès aurait de facto diminué la hauteur sous plafond d’un monument déjà très bas (3,90 - 0,30 = 3,60 m).

Ces fragments en granite proviennent de la même porte composée de trois très gros monolithes, un linteau et deux jambages, qui ont été débités à l’aide de coins éclateurs dont les impacts sont bien visibles :

À part les deux derniers fragments remployés dans la mosquée du Kôm, tous les autres ont été remployés à la surface du radier. Il est probable que le constructeur de la mosquée ait extrait les deux fragments (T510 et T1073) de la surface du radier.

La restitution de la porte montre qu’elle provient d’un mur épais de 2 coudées. D’une part, cette épaisseur égale celle du mur conservé du temple en calcaire de Sésostris Ier (pls. 12, 13, 21, 22). D’autre part, ce mur en place (pl. 5a) est décoré sur son parement oriental d’une frise de khekerou qui indique la hauteur sous plafond (~3,90 m) qui correspond à celle de la profonde encoche horizontale taillée au-dessus du chambranle de la porte en granite (pls. 12, 13, 22). Il est donc physiquement possible que cette porte ait été placée dans un des murs disparus du temple de Sésostris Ier. L’encoche horizontale a probablement été aménagée, de part et d’autre du linteau en granite, pour recevoir les dalles de couverture du temple. Des encoches de même profondeur (~20 cm) ont été taillées verticalement le long des chambranles décorant les jambages en granite de la porte. Cet aménagement en baïonnette du joint laisse supposer que des blocs (ici en calcaire) également taillés en baïonnette inversée s’appuyaient contre les jambages.

Les profondes encoches verticales et horizontales encadrant les chambranles intérieur et extérieur font apparaître un ressaut très important des joints verticaux latéraux des jambages et des linteaux. Cet aspect autorise à proposer une seconde hypothèse, bien que beaucoup moins probable, sur l’emplacement de cette porte qui pourrait avoir été encastrée dans un mur assez épais probablement en brique crue. Le seul mur de cette espèce connu à ce jour est le mur B qui a été daté de la 12e dynastie.32 Ce mur B a été arasé à l’époque ptolémaïque pour être remplacé par l’enceinte sud construite à son aplomb. Dans l’hypothèse de l’encastrement de cette porte en granite dans le mur B, l’arasement de ce dernier aurait alors permis de remployer les fragments de cette porte, désormais détruite, dans l’assise supérieure33 du radier qui supportait la superstructure disparue depuis. Bien qu’il ait eu aussi une grande largeur (9 m),34 le mur C en brique crue contre lequel Thoutmosis III adossa son reposoir a été daté35 comme étant antérieur ou contemporain à la 11e dynastie. Ce n’est donc pas un bon candidat pour accueillir la porte en granite de Sésostris Ier. Alors qu’il était toujours en place à la 18e dynastie, ce mur C a été également arasé à l’époque ptolémaïque probablement pour être remplacé, plus à l’ouest, par le mur A dont la porte sépare le dromos de la vaste cour désormais dégagée devant le vestibule ptolémaïque.36

Le fragment attribué à Amenemhat II provenant du radier

Le fragment (T1647 : 15 x 17 x 5 cm) d’une statue en granite, gravé d’une partie du cartouche royal, a été trouvé au nord de l’axe du radier (n° de photo 2486 indiqué dans l’inventaire). Malgré le point d’interrogation du dessin de l’inventaire, et probablement sous l’influence du dépôt des coffres, le cartouche a été restitué comme celui d’Amenemhat II. Cependant aucune statue en granite d’Amenemhat II n’a été trouvée à Tôd alors que plusieurs fragments de statues en granite sont au nom de Sésostris III.37 De toute façon, que ce soit le cartouche de Amenemhat II ou bien celui de Sésostris III, le remploi du fragment dans le radier empêche bien sûr Sésostris Ier d’en être le constructeur.

Les fragments en calcaire remployés dans le radier

Faisant l’hypothèse de la transformation des blocs calcaire en chaux38, Bisson de la Roque n’a utilisé dans son hypothèse que les gros blocs lui paraissant plus significatifs. Il n’a malheureusement pas pris en compte les centaines d’autres fragments en calcaire attribuables au temple de Sésostris Ier et qui ont été trouvés dans des niveaux de destruction du radier ou bien remployés au sommet de ce même radier dans les structures coptes en briques crues.39 Leur remploi comme matériau de construction n’a été que secondaire à côté de quelques blocs plus grands et parfois intacts remployés dans l’église ou dans d’autres structures coptes.

La présence de ces fragments a incité Bisson de la Roque à faire l’hypothèse que le temple détruit à la fin de l’Antiquité était celui de Sésostris Ier. Cette hypothèse a laissé penser par la suite que ce monument devait donc être encore debout à cette date, sinon les éclats auraient été évacués depuis longtemps et beaucoup moins auraient été conservés. De plus, on est en droit d’estimer que si le temple de Sésostris Ier avait été démonté à l’époque ptolémaïque, des blocs entiers de son élévation auraient été remployés dans les fondations du nouveau temple ptolémaïque. Néanmoins, cette absence de blocs entiers de Sésostris Ier est impossible à prouver car plus de la moitié du volume du radier avait déjà disparu au mome nt de la fouille. Ainsi, cela serait étonnant que certains de ces très nombreux blocs disparus du radier n’aient pas été décorés et que les centaines de fragments découverts dans les niveaux de destruction du radier n’en proviennent pas.

Cependant, s’il est troublant que, comme j’en fais l’hypothèse, un temple ptolémaïque ait remplacé celui de Sésostris Ier sans qu’aucun bloc de son élévation n’ait été identifié, le contexte archéologique de découverte des fragments du temple de Sésostris Ier ne prouve en rien que celui-ci ait été démantelé juste avant la fin de l’époque romaine.

Voici l’inventaire40de ces fragments :

Fig. 1. Fragment T1337 en calcaire décoré en relief.

Il faut ajouter à cette liste le fragment (T1337 : 10 x 14 x 4 cm) en calcaire, décoré en relief du sommet du nom d’Horus d’un roi non identifié, et qui a été trouvé sous l’église, au nord de l’axe du radier. La photo et le dessin contredisent l’attribution à Amenemhat II proposée par Bisson de la Roque. M. Étienne estime que les vestiges du signe supérieur seraient davantage le signe du lièvre que celui de l’or. Il croit possible de restituer le mot !wn ‘jeune homme’ qui figure par exemple dans le nom d’Horus de plusieurs Ptolémées dont Ptolémée IV, Evergète II et XII.42 Evergète II étant intervenu sur le mur en calcaire de Sésostris Ier, l’hypothèse serait à prendre en considération.

Les fragments en grès remployés sous et au-dessus de l’église dans le radier

Bisson de la Roque n’a pas non plus pris en compte les fragments en grès postérieurs au Moyen-Empire mais qui sont bien mentionnés dans son cahier d’inventaire :

La documentation de Bisson de la Roque ne permet pas d’établir si ces fragments en grès étaient déjà remployés dans le radier au moment de sa construction ou bien s’ils ont été apportés pour niveler le radier au moment de la construction de l’église au 6e siècle.

Au-dessus du radier, des blocs au nom d’Achoris étaient remployés dans le banc de l’église ainsi que de nombreux blocs gravés en creux d’un décor daté d’Antonin le Pieux.45

Une nouvelle interprétation des dépôts liés au radier

Les divers dépôts recensés témoignent d’une pratique bien répandue, dès les périodes anciennes, d’enfouissement d’objets dans le sol des temples.

Les dépôts sous le radier

Le dépôt n°0 fut trouvé enfoui (au niveau - 190 cm) dans la couche de sable posée sur le limon. Il est composé de deux objets qui n’étaient cependant pas l’un à côté de l’autre :

Les dépôts dans le radier

Trois dépôts furent découverts au milieu des assises du radier :

Le dépôt n°1 est composé de deux paires de coffres en cuivre encastrés dans une sorte d’alvéole résultant de l’absence, à cet endroit, d’un épais bloc de l’assise 1 du radier (pl. 15 : la coupe montre qu’un bloc plus mince de l’assise 1 recouvre les coffres53). Ces coffres54 étaient enfouis (au niveau - 170 cm) dans l’épaisse couche de sable (entre -185 et -150 cm) sur laquelle le radier a été fondé. Bisson de la Roque ne mentionne pas de briques sous le sable à cet endroit particulier (pl. 18a). Des clous tordus étaient disposés dans le sable autour et au-dessus d’eux. Les deux plus petits (30 x 18,5 x 14 cm) pèsent vides 16,1 kg chacun alors que les deux plus grands (45,5 x 29 x 20 cm) atteignent 48,3 kg.55 Leurs couvercles à glissière sont gravés du protocole royal d’Amenemhat II, le fils56 de Sésostris Ier. Les petits coffres contenaient des objets usagés d’orfèvrerie en or et en argent57 alors que plus de 50 sceaux-cylindres parfois inscrits, des morceaux bruts de lapis-lazuli, des lingots et des anneaux d’argent, des perles, des sceaux et des amulettes remplissaient les grands coffres. 58 Les inscriptions cunéiformes des sceaux ne semblant pas antérieures au paléo-babylonien, cette époque du bronze moyen (2004-1595 avant notre ère) correspond bien à celle du Moyen Empire en Égypte.59 L’analyse du métal des lingots et des coupelles tend à lui accorder une origine égéenne ou syro-anatolienne.60

Bien qu’il n’existe pas de photographies du radier en cet endroit avant la découverte de Bisson de la Roque61, celles prises au moment de cette dernière ainsi que les coupes schématiques (pl. 15) montrent que son hypothèse d’une installation des coffres (dépôt n° 1) et du dépôt n°2 placé au-dessus (celui des Osiris), postérieurement à la construction du radier, est bien improbable. En effet :

Le dépôt n° 2 était enfoui (au niveau - 98 cm) à 7 m du côté est du radier et à 7,10 m au nord de son axe, presque à l’aplomb des 4 coffres (dépôt n° 1). Cet emplacement au cœur du radier rappelle celui des dépôts du 9e pylône de Karnak qui ont été installés au moment de la construction des assises de fondation.63 Cette mise en place diffère complètement de celle des dépôts enfouis tardivement sous le dallage de la grande salle hypostyle de Karnak ou même dans le puits-cachette creusé dans l’épaisseur des assises de fondation du 3e pylône.64 Bisson de la Roque n’a malheureusement pas décrit l’alvéole, entre les assises du radier, dans laquelle ce dépôt devait être installé. Ce dépôt (T2109) est composé de :65

Le dépôt n°369 semblerait provenir du radier car il a été découvert très proche de son côté ouest (pl. 1). Il est également composé d’Osiris en bronze dont 90 étaient posés sur l’assise inférieure de la fondation du mur conservé de Sésostris Ier (au niveau - 80 cm du côté est de la fondation).70 Ces statuettes ont probablement été déposées au moment de l’ouverture,71 à l’époque ptolémaïque, de la porte dans le mur de Sésostris Ier. Le dépôt serait alors contemporain de la construction du temple ptolémaïque et, par conséquent, de la construction du radier comme cela sera expliqué plus loin. Par comparaison, on peut citer le lot d’environ 400 statuettes d’Osiris (h : 7 à 35 cm) en bronze abandonné vers 370 avant notre ère dans la chapelle nord du temple d’Aïn Manawir à Khargah.72 Ces Osiris démontrent l’importance de son culte à cette époque dans un monument dédié officiellement à la triade thébaine. Les socles, retrouvés avec les statuettes, permettent de supposer qu’elles étaient dressées debout à l’intérieur de la chapelle.

Les dépôts et les fosses de rebut hors du radier

Quatre autres fosses ont été découvertes en dehors du radier à la périphérie du temple. Elles ont vraisemblablement été creusées à l’époque du chantier ptolémaïque. La description du matériel qu’elles contenaient peut paraître inutile mais elle semble conforter mon hypothèse de datation du radier.

La fosse n° 4 est située à l’extérieur du temple ptolémaïque (au niveau -140 cm) à 3 m à l’ouest et à 1,3 m au sud de l’angle sud-ouest de son vestibule (pl. 10a). Elle est remplie d’objets divers (T378 à T392) datés par Bisson de la Roque entre la 18e dynastie et l’époque romaine :

Une nouvelle observation des objets permettrait peut-être de préciser cette datation mais si l’attribution à l’époque romaine de la petite tête d’Osiris est confirmée, cette fosse ne peut être antérieure à la construction du vestibule. Aucun vestige de superstructure n’ayant été découvert à l’aplomb de cette fosse, Bisson de la Roque a supposé qu’il marquait l’emplacement d’un élément mobilier comme un autel ou une statue.73

La fosse n° 5 (pl. 10a) a été aménagée sous (ou dans ?) le dallage en brique crue qui longe le côté oriental du radier. Ce dallage semble dans la continuité de celui associé avec la construction de l’enceinte ptolémaïque sud.74 La fosse n°5 était remplie d’objets brisés (T1100 à T1114 dont un flacon T1105 de type ‘lacrymatoire’ ptolémaïque). Bisson de la Roque a daté les deux têtes de taureaux en calcaire (pls. 10a, 19a) de la 29e ou 30e dynastie (sous réserve d’un nouvel examen75), et le dépôt de l’époque ptolémaïque.76

La fosse n° 6 a été creusée le long du côté nord du temple (l’emplacement exact ne figure pas sur le plan). Elle est remplie de quelques petits dépôts d’Osiris et d’une statue en granit bleu (T1059, h : 62 cm) dont les yeux encore incrustés ont laissé Bisson de la Roque supposer que la couche n’avait pas été perturbée à l’époque copte.77

Le dépôt n° 7 a été découvert dans les fondations du vestibule ptolémaïque d’après le cahier d’inventaire (la publication ne le mentionne apparemment pas) :

La fosse n° 8 (T2112) était creusée (au niveau -200 cm, appelée ‘tombes’ sur le pl. III de Bisson de la Roque) sous le parement intérieur de l’enceinte ptolémaïque, en face du vestibule des déesses. Malgré l’absence de sarcophage et de momie, Bisson de la Roque l’a assimilé à une tombe qu’il date du Nouvel Empire grâce à la céramique. Sous réserve d’un nouvel examen des objets, cela serait plus logique d’y voir un dépôt de fondation de l’enceinte ptolémaïque sud :78

Enfin, il faut mentionner le dépôt n°9 qui ne concerne pas l’époque ptolémaïque. Il était placé sous le dallage en grès et granite de la salle commune des bains romains adossé au sud de l’enceinte ptolémaïque sud.80 Il est composé de 27 briquettes anépigraphes (T2216, h : 3 cm ; L : 9 cm ; l : 6, 5 et 7 cm).

La datation du radier

Pour Bisson de la Roque, Sésostris Ier aurait ainsi remployé les éléments démantelés des monuments de ses prédécesseurs, dont son père, dans un radier de fondation sur lequel il aurait construit son nouveau sanctuaire. Cependant de nombreuses questions sont soulevées par cette hypothèse. Il est indispensable d’évaluer à nouveau la date de construction du radier qui, s’il ne m’apparaît plus être l’œuvre de Sésostris Ier en raison des arguments d’architecture qui seront expliqués plus loin,81 peut difficilement lui être antérieur pour plusieurs raisons.

D’abord, les 4 coffres (dépôt n° 1) découverts sous le côté nord du radier sont au nom d’Amenemhat II, le fils de Sésostris Ier. La photographie (pl. 15c+f) permet de voir qu’ils ont été placés dans une alvéole réservée dans le radier au moment de sa construction, puis qu’ils ont été soigneusement recouverts par une dalle en calcaire comme l’indique le schéma de Bisson de la Roque82 (pl. 15e). Pour Bisson de la Roque, si cette dalle et les blocs qu’elle supporte sont bien contemporains de la mise en place des coffres, il imagine que ceux-ci auraient été descendus dans une fosse aménagée dans le radier déjà construit. Cependant Bisson de la Roque n’a pas essayé de restituer la façon dont une telle fosse aurait pu être réalisée. Deux techniques distinctes étaient envisageables mais elles auraient certainement laissé des traces que Bisson de la Roque ne mentionne pas. Elles auraient aussi rencontré plusieurs difficultés de mise en œuvre :

Cette quasi impossibilité de creuser une fosse a posteriori laisse supposer que les coffres ont été enterrés au moment de la construction du radier. Malheureusement ces arguments techniques sur la difficulté à aménager une cavité dans la fondation d’un monument en place risquent de ne convaincre que les tailleurs de pierre et les architectes ! On pourrait objecter que les Égyptiens n’hésitaient pas à braver les lois de la statique pour remanier un édifice au prix de transformations dangereuses comme semble en témoigner le temple de Tôd à l’époque ptolémaïque.84

Cela m’amène à en déduire que, parce qu’il cache les coffres d’Amenemhat II, le radier ne peut être l’œuvre de son père Sésostris Ier. On ne peut plus désormais écarter les coffres au nom d’Amenemhat II et affirmer qu’aucun élément trouvé de manière certaine dans les assises du radier n’est postérieur à Amenemhat Ier. Certains objecteront que, trouvés en surface, quelques fragments postérieurs à la 11e dynastie aient pu être remployés en certains endroits lors de réfections ptolémaïques ayant affecté l’assise 3 en calcaire du radier et le dallage en grès formant l’assise 4. Mais cet argument ne fonctionne plus dans mon hypothèse qui ne dissocie pas la construction des assises inférieures du radier de son dallage en grès. Il serait également illogique d’imaginer que ceux qui ont démantelé le radier aient sélectionné les blocs en ne laissant en place que ceux de la 11e dynastie. En effet, on ignore de quoi était composée plus de la moitié du volume du radier qui avait complètement disparu au moment de la fouille. Il serait tout aussi illogique d’affirmer que pas un seul des blocs disparus n’était postérieur à la 11e dynastie.

On peut aussi faire l’hypothèse que ces coffres avaient déjà été cachés dans les fondations d’un temple plus ancien ou bien entreposés dans ses magasins et qu’ils furent mis au jour au moment du démantèlement de ce temple. Le constructeur du nouveau temple aurait alors été décidé de les placer à la base du nouveau radier en construction. Qu’ils n’aient pas été déplacés de leur emplacement d’origine mais conservés en place avant d’être recouverts par le radier de fondation de la nouvelle construction est une autre possibilité.85

Une éventuelle ouverture des coffres par le constructeur du nouveau temple permet d’envisager que des objets postérieurs au règne d’Amenemhat II, dont seul le nom est inscrit dans le trésor, puissent y être intégrés. Ce pourrait être le cas de ces deux coupes canthares (JE Caire n° 70590, 70591) entre autres dont un parallèle a été trouvé dans un tombeau mycénien. Il serait alors intéressant de savoir où ces objets étaient placés dans le coffre. Cependant, l’hypothèse inverse, à savoir que la coupe du tombeau d’époque mycénienne puisse être antérieure (d’époque minoenne) est aussi envisageable. Sa présence ne constitue donc pas dans l’état actuel des connaissances une preuve d’intégration d’objets postérieurs à Amenemhat II dans le trésor.

Ensuite, pourquoi avoir négligé le dépôt n°2 caché dans le radier, proche des coffres mais placé 70 cm plus haut (pls. 19-21) ? Malgré la description très sommaire de l’enfouissement,86 rien ne s’oppose à ce que ces objets aient été déposés au moment de la construction du radier comme les coffres au nom d’Amenemhat II.

Enfin, un bloc en calcaire est remployé en fondation de la porte d’accès à la Salle des déesses, qui ouvre sur le côté sud du vestibule ptolémaïque87 (pl. 20b).  Ce remploi prouve que la destruction d’un monument de Sésostris Ier est antérieure ou contemporaine de la construction du vestibule. Bien que la taille de l’inscription qui conserve une partie du nom d’Horus du roi (Ankh-mesout) le laisse supposer, il reste cependant à démontrer que ce bloc provient bien du temple dont la façade en calcaire a été conservée dans le vestibule et non pas d’un autre monument de ce roi. En effet, si ce bloc appartenait assurément au temple de Sésostris Ier, son remploi serait la preuve irréfutable que ce temple était démantelé au moment de la construction du vestibule ptolémaïque alors que cette preuve ne peut pas être fournie par un bloc épars de ce roi. Ainsi, il serait imprudent d’affirmer qu’aucune autre construction de Sésostris Ier ne se trouvait à l’ouest du mur conservé, à l’emplacement du vestibule ptolémaïque.

Dater ce radier de la construction du temple ptolémaïque88 semble désormais possible et, dans cette perspective, il serait intéressant d’examiner à nouveau les objets du dépôt n° 0 (le ciseau en fer doré et le petit taureau en calcaire probablement doré). Le tracé du temple (pl. 1a) observé par Bisson de la Roque, celui dessiné dans le limon et répété sur les assises du radier,89 permet de restituer un plan proche de celui des temples d’Edfou et de Dendara (alors que celui d’Esna est encore partiellement inconnu) mais aux dimensions beaucoup plus modestes (pl. 20). Dans cette hypothèse, ce radier aurait été construit pour servir de fondation à la nouvelle porte axiale ainsi qu’aux murs de la cella ptolémaïque, cette dernière étant légèrement moins large que le vestibule. En effet, le parement oriental de l’angle sud-est de ce vestibule, au décor ébauché et placé curieusement au niveau du sol, forme un ressaut sur la cella tout en bouchant la porte de la façade du temple de Sésostris Ier (pl. 16a+b).

Un contresens architectural

Confronté à la configuration du parement oriental de la façade conservée de Sésostris Ier, rehaussée par le constructeur ptolémaïque, Bisson de la Roque a certainement réalisé que la jonction de deux constructions de hauteurs différentes (3,90 cm sous le plafond du temple de Sésostris Ier et 7,80 m sous le plafond du vestibule ptolémaïque) était ici bien compliquée. En effet, le parement oriental des assises ptolémaïques en grès possède les traces de deux éléments perpendiculaires : un mur et une architrave (pls. 4a, 18b). Ces deux éléments indiquent que la couverture du vestibule ptolémaïque se poursuivait obligatoirement à l’est de la façade du temple de Sésostris Ier. Afin de rehausser, avec apparemment 7 assises en grès, la façade ouest du temple de Sésostris Ier, le constructeur ptolémaïque a été obligé de supprimer le plafond couvrant les espaces placés derrière cette façade du Moyen Empire.90 Cette surélévation ptolémaïque de la façade en calcaire impliquait un rehaussement généralisé de tous les autres murs du temple de Sésostris Ier. Cette opération aurait obligé au démontage de l’ensemble des plafonds du temple de Sésostris Ier ce qui n’était pas sans risque pour la stabilité de l’édifice. De plus, toutes ces transformations structurelles auraient été beaucoup plus coûteuses et beaucoup plus difficiles à réaliser techniquement qu’un simple démantèlement de l’édifice suivi de sa reconstruction à neuf sur de nouvelles fondations. Cela peut être un argument supplémentaire pour attribuer à l’époque ptolémaïque la construction du radier.

Tous les arguments précédents, techniques et constructifs, s’ajoutent à l’argument le plus important, celui de la décoration. Celle-ci a été complètement exécutée en relief sur le parement oriental de la façade rehaussée en grès par le constructeur ptolémaïque (pl. 1a) ainsi que sur le moignon d’architrave sur lequel des signes sont visibles (pl. 18b). C’est donc bien une décoration intérieure et non extérieure, cette dernière étant entièrement en creux sur les parements extérieurs du vestibule ptolémaïque. Il faut donc obligatoirement restituer une couverture au-dessus de cette décoration intérieure. Or, comme le montrent les monuments ptolémaïques connus, la décoration des pièces couvertes ne commence pas avant l’achèvement de la construction des murs ni de la mise en place des dalles de plafond. Cependant la décoration peut y être ébauchée sur des parements non entièrement ravalés ce qui n’est pas le cas ici.

2

L’hypothèse du vestibule ptolémaïque s’adossant au temple de Thoutmosis III

Contrairement à Bisson de la Roque, B. Kemp a attribué la construction du radier à la 18e dynastie.91

La déconnexion entre le radier et la fondation du mur de Sésostris Ier

B. Kemp a restitué schématiquement une coupe de ce radier construit en 4 ou 5 assises de blocs en calcaire, en granite et en grès.92 L’assise inférieure y remployait des blocs de la 11e dynastie et deux blocs93 d’Amenemhat Ier. L’assise supérieure, dont quelques blocs ont subsisté, affleurait au niveau du dallage du vestibule ptolémaïque. Ce niveau (±0) l’a incité, avec raison, à en faire le dallage de la cella ptolémaïque puisque le dallage qui était associé à la fondation du mur de Sésostris Ier se trouvait 37 cm plus bas (pls. 10b, 14a, 15a+b, 16e, 17a+b, 20). Contrairement à G. Pierrat qui avait supposé par erreur que les 3 assises de fondation du mur de Sésostris Ier étaient associables au radier,94 B. Kemp remarque qu’aucune connexion n’apparaissait ni sur les photographies, ni dans le rapport de fouille, entre la fondation du mur de Sésostris Ier et les assises du radier. Il met alors justement en doute l’appartenance de ce dernier au temple de Sésostris Ier mais il ne remarque pas le vestige de la porte de sa façade ouest qui est l’argument le plus frappant de cette déconnexion comme cela sera expliqué plus loin (cf. 3. La porte détruite au sud du mur conservé de Sésostris Ier).

Son doute sur cette connexion imaginée par Bisson de la Roque a été conforté par le remploi du bloc T1992. Ce bloc en calcaire attribué avec réserve à Nectanébo II95 était remployé (au niveau -37 cm) à peu près au centre du radier (pl. 17a). Rien n’indique qu’il ait été encastré postérieurement au cours d’une très hypothétique restauration du dallage en grès (ce dernier étant au niveau ±0) comme pourrait le laisser supposer la théorie d’un radier construit au Moyen Empire.

D’autres blocs en grès (T1400 et T1847) gravés en creux au nom de Nectanébo II ont été également découverts dans le radier au sud de l’axe.96

Sans en tirer de conclusion sur la date de construction du radier, B. Kemp rappelle aussi que le dépôt n° 2 décrit plus haut97 fut enfoui (au niveau – 98 cm) dans une poche de sable, presque à l’aplomb des coffres du dépôt n° 1. Il compare le gobelet à pied en céramique striée de ce dépôt à ceux du corpus gréco-romain d’Armant98 alors que Bisson de la Roque l’a daté au plus tôt de la 29e ou 30e dynastie.99 Cependant, aucune strie n’apparaissant sur le croquis du cahier d’inventaire, G. Pierrat propose de comparer ce gobelet avec ceux trouvés dans le contexte des silos et datés de l’époque de Ptolémée IV.100

L’attribution du radier à Thoutmosis III

Le renouvellement d’un temple impliquait théoriquement le démantèlement des ruines du précédent et de ses fondations de façon à lier la nouvelle construction au sol d’origine. Pour B. Kemp, ce renouvellement aurait été effectué à Tôd sous le règne de Thoutmosis III qui aurait atteint la couche de limon sur laquelle avait été fondé le temple primitif. Le radier aurait été construit par Thoutmosis III sur une couche de sable versée sur le limon.101 Seule la façade ouest du temple de Sésostris Ier aurait été incorporée au nouveau temple de Thoutmosis III, le reste ayant été détruit. Il suppose qu’avant sa destruction par Thoutmosis III, le temple primitif était composé de constructions des 11e et 12e dynasties. Cependant, il n’a pas pris en compte les colonnes fragmentaires de Nebhepetrê-Montouhotep utilisées en fondation à la fois du radier, de la porte axiale ptolémaïque et du vestibule ptolémaïque, ces remplois démontrant que certains, sinon tous les monuments de la 11e dynastie, avaient été démantelés pour laisser la place au nouveau temple ptolémaïque (pls. 7, 8b). On verra plus loin que le niveau d’occupation de la 11e dynastie a été identifié 130 cm plus bas que le dallage en grès du radier.

B. Kemp suppose que cet imposant radier a supporté les murs en grès du nouveau temple de Thoutmosis III. Son plan lui semble dessiné (comme pour Bisson de la Roque) par les lignes de construction incisées sur les blocs de l’assise dont la surface apparaît au niveau -90 cm. D’autres lignes étant aussi gravées sur l’assise supérieure, il se demande si ces deux niveaux correspondent à deux états superposés ou bien à deux sols placés à des niveaux différents dans le même temple. Néanmoins l’existence d’un niveau de circulation au niveau - 90 cm est bien improbable dans la mesure où ce dallage serait 53 cm plus bas que celui associé au mur de Sésostris Ier (-37 cm). En effet, il apparaît impossible de restituer dans le nouveau temple un sol plus bas que le débord de fondation, toujours visible, du mur conservé de Sésostris Ier (pls. 3, 4b).

Pour B. Kemp, ce temple de Thoutmosis III aurait été entièrement remodelé à l’époque ptolémaïque, au moment où fut ajouté un nouveau vestibule en grès, des blocs au nom de Thoutmosis III ayant été remployés dans l’assise intermédiaire des fondations de ce vestibule. Cette hypothèse lui permet de restituer l’emplacement d’une partie au moins des blocs du temple qu’il suppose avoir été construit sur ce radier.

La datation du dépôt n°1 (les quatre coffres du Trésor)

B. Kemp propose que les coffres en cuivre aient été cachés dans le radier n’importe quand entre la construction du temple de Thoutmosis III et la reconstruction ptolémaïque. Comme Bisson de la Roque, il n’a pas remarqué que ces coffres n’ont pas été encastrés après la construction du radier mais qu’ils ont été posés au cours de la construction du radier, dans une alvéole laissée vide au milieu de l’assise 1 comme cela vient d’être décrit (cf. 1. Les dépôts dans le radier ; pl. 15). Une couche de sable les recouvrit jusqu’au niveau du lit d’attente de cette assise 1. Ensuite, la mince assise 2 a été installée avec son lit d’attente au niveau -90 cm que B. Kemp considère être le sol du temple de Thoutmosis III en raison des nombreuses lignes qui y sont incisées.

Ainsi, pour B. Kemp, les coffres n’étaient certainement pas installés dans un contexte scellé au Moyen Empire. Il ne les considère pas comme un dépôt de fondation mais comme un trésor caché contenant un dépôt de matériaux sans aucune effigie cultuelle ou royale. De telles cachettes ont été découvertes dans de nombreux temples d’époques différentes. Elles sont toujours composées d’objets égyptiens alors qu’à Tôd, le trésor ne comprend que des objets importés à l’exception de rares objets égyptiens ou égyptisants en lapis-lazuli.102 Cette homogénéité lui laisse supposer que ces objets furent déposés dans les coffres dès leur livraison. B. Kemp se demande si les objets furent apportés à Tôd déjà enfermés dans ces coffres au nom d’Amenemhat II ou bien s’ils furent placés à leur arrivée à Tôd dans ces coffres qui auraient été donnés longtemps auparavant par ce roi. Même vides, ces coffres en cuivre avaient une grande valeur si on compare leurs poids (1400 deben) au cuivre et au bronze offert par Ramsès III au temple de Rê à Héliopolis (1883,7 deben) et au temple de Ptah à Memphis (2018 deben). G. Pierrat suggère la possibilité que, loin d’être seulement des contenants, ces coffres pourraient faire partie du don de matériaux précieux d’Orient, au titre de l’apport d’un cuivre d’origine inconnue.

Les questions soulevées par l’hypothèse de B. Kemp

Curieusement, B. Kemp a attribué la construction du radier à la 18e dynastie en se basant sur le canthare du trésor dont la forme est similaire à celle de la coupe découverte dans un tombeau mycénien contemporain de Thoutmosis III. En cela, il écartait l’hypothèse inverse que la coupe du tombeau mycénien soit un héritage du passé comme auraient pu le laisser supposer les objets variés dignes d’un musée que certains de ces tombeaux mycéniens contiennent. Cependant B. Kemp n’a pas tenu compte de deux éléments qu’il a décrits comme encastrés dans le radier : un bloc en calcaire (et non pas en grès) au nom de Nectanébo II (L. Postel l’estime plutôt ramesside) remployé dans l’assise 3 et le dépôt n° 2 contenant des Osiris qu’il attribue à la période gréco-romaine (la 29e dynastie pour Bisson de la Roque). Ces deux éléments autorisent à remettre en question cette datation de la 18e dynastie. Les vestiges conservés aujourd’hui ainsi que l’analyse des photographies des archives de Bisson de la Roque permettent de faire des observations inédites. Ces dernières incitent à proposer une nouvelle hypothèse sur la succession chronologique des étapes constructions du temple de Montou à Tôd.

3

Le temple ptolémaïque construit sur le radier

Les quatre déconnexions visibles entre le radier et le mur en calcaire de Sésostris Ier

Une ancienne porte a été partiellement détruite à l’extrémité sud du mur en calcaire de Sésostris Ier, afin d’y appuyer l’angle sud-est du vestibule ptolémaïque (pls. 2, 22a+b). Cette porte n’a été mentionnée par Bisson de la Roque ni dans son texte ni sur le plan des vestiges.103 Personne ne l’a d’ailleurs identifiée alors qu’elle est bien visible. Le jambage sud de cette porte primitive a disparu alors que son jambage nord est resté intact à l’exception de la feuillure de butée du vantail, qui a été soigneusement arasée (l : 36 cm) de façon à pouvoir y appuyer les assises ptolémaïques en grès. La destruction partielle de ces assises en grès a fait apparaître le tableau intérieur lisse et presque vertical du jambage nord ainsi que la cavité du loquet104 aménagée le long de la feuillure arasée (pl. 2). Cette cavité est comparable à celles des portes de Sésostris III à Médamoud,105 portes reconstruites au musée en plein air de Karnak (pl. 2e+f). Il est impossible que cette cavité ait pu être creusée à n’importe quel moment entre le 2e siècle avant notre ère et les fouilles de Bisson de la Roque. En effet, les blocs du mur du vestibule ptolémaïque sont clairement installés contre cette cavité qui, en étant entièrement cachée par la maçonnerie ptolémaïque, ne pouvait que lui être antérieure : la logique de construction rendrait certainement impossible le creusement d’une cavité à l’intérieur d’un mur construit sans démonter entièrement ce mur. La seule conclusion acceptable est que la porte était antérieure à la construction du vestibule ptolémaïque.

La feuillure de butée du jambage de la porte a obligatoirement été arasée avant la construction du vestibule ptolémaïque. Le tableau de la porte est presque vertical ainsi que la face de joint des blocs en grès ptolémaïques qui s’y appuie sans aucun talus inversé (pls. 1b, 2a-d). Cette verticalité exclut que le tableau de la porte ait pu être un parement extérieur qui aurait dû être taluté comme le parement extérieur du mur conservé de Sésostris Ier. Il est d’ailleurs curieux que Bisson de la Roque n’évoque jamais le talus des parements. L’angle sud-ouest du temple de Sésostris Ier qui est habituellement restitué, en suivant l’attribution faite par Bisson de la Roque du radier à ce roi, aurait dû être taluté sur ses deux parements perpendiculaires. Or seul le parement ouest de l’angle est taluté alors que celui faisant face au sud (tableau de la porte) est bien vertical. Cependant un fort talus inversé est visible sur l’extrémité orientale de la face de joint du mur ptolémaïque (pls.1a+b, 2b). Ceci indique son appui contre un mur taluté qui n’est pas le refend de Sésostris Ier dont le parement est presque vertical. Ce mur taluté ne peut être qu’un mur postérieur au refend de Sésostris Ier mais construit dans sa prolongation vers l’est et placé à l’aplomb du côté sud du radier. Ce passage d’un parement presque vertical du refend à une surface d’appui talutée est un indice supplémentaire en faveur du sectionnement du refend. De même le harpage des blocs en calcaire formant un angle intérieur du temple de Sésostris Ier n’a aucune incidence sur la continuité du mur ouest de Sésostris Ier, au-delà de la porte et du refend, vers le sud. En effet, les murs construits perpendiculairement sont généralement chaînés qu’ils soient extérieurs ou intérieurs.

Il est impossible de vérifier si cet angle sud-est du vestibule ptolémaïque est installé directement sur le seuil de la porte disparue de Sésostris Ier et sur le dallage qui le prolongeait vers l’est ou bien si les deux ont été démontés pour faire place à une nouvelle fondation ptolémaïque (pls. 1a+b, 16a+b : les photographies laissent supposer que l’ancienne fondation fut remplacée par une nouvelle comme sous la nouvelle porte axiale ptolémaïque).

En restituant une largeur minimale au passage disparu de cette porte primitive, le jambage sud aurait dû se trouver au moins 2 coudées plus au sud, ce qui le place bien au-delà de l’alignement du radier démonté par Bisson de la Roque (pls. 1, 18, 21). L’angle sud-ouest du temple de Sésostris Ier devant être alors restitué encore plus au sud, tout semble indiquer qu’un mur en calcaire doit être restitué perpendiculairement à la partie détruite du mur encore en place. La fondation du mur restitué dépassait alors largement vers le sud l’alignement est-ouest du côté sud du radier. Cette fondation ne pouvait ainsi qu’être complètement indépendante du radier puisque placée bien au-delà, plus au sud. Ce mur disparu était parallèle à celui dont le vestige est chaîné perpendiculairement au mur conservé en place de Sésostris Ier (pls. 1-4).

Les photographies (pls. 1-4) montrent que les assises de fondation du mur de Sésostris Ier et de son refend perpendiculaire sont placées uniquement à l’aplomb de leur élévation en calcaire mais sans aucun lien apparent avec le radier106 (pl. 16e). Bisson de la Roque a probablement supposé ce lien en constatant que ce radier se prolongeait sous les jambages de la porte axiale ptolémaïque à laquelle il servait de fondation comme le montrent deux de ses photos (pls. 7, 8b+c). S’il a bien compris qu’à l’emplacement de cette nouvelle porte ptolémaïque le mur de Sésostris Ier avait été démonté, il n’en a pas conclu que sa fondation avait également été démantelée pour laisser la place à une nouvelle fondation sous la forme d’une excroissance vers l’ouest du radier. En 1935, au début du démontage du radier, ce dernier était déjà réduit de plus de la moitié de son volume. La zone située juste derrière le mur de Sésostris Ier a été presque entièrement démontée jusqu’à l’aplomb de ce mur. Il est facile de constater que les assises de fondation du refend perpendiculaire sont encore en place (pl. 4b) alors que tous les vestiges de l’angle sud-ouest du radier ont pu être démontés (pl. 17e) sans affecter la stabilité de la fondation de l’angle formé par les deux murs perpendiculaires de Sésostris Ier. Cela indique clairement que le radier était déconnecté de cette fondation. La marque de l’appui d’un dallage est nettement ravalée sur le parement visible des parpaings en calcaire de la fondation de l’angle formé par les deux murs perpendiculaires de Sésostris Ier (pls. 1-4). On peut y restituer des dalles en calcaire d’épaisseur constante (h : 24 cm) et parfaitement ajustées, probablement posées sur un lit de sable. Ces dalles devaient ressembler à celles du temple de Sésostris Ier à Éléphantine où une dizaine ont été réutilisées, sous Hatshepsout et Thoutmosis III, dans la fondation du temple de Satet (pl. 23).

Plus au nord, les photos d’archives comme le relevé de Bisson de la Roque montrent que le côté ouest du radier a été entièrement démantelé par les pilleurs. G. Pierrat107 avait déjà fort justement remarqué que ‘le fait que les blocs des états du temple antérieurs à Sésostris Ier n’aient pas tous été retrouvés sous le dallage [radier] mis en évidence par Bisson de la Roque indique peut-être que l’emprise du temple sous ce règne outrepassait la surface de ce dallage [radier]’. Avec raison, elle a cherché à expliquer la présence de blocs de Sésostris Ier dans des contextes ptolémaïques108 en faisant l’hypothèse qu’une partie du temple de ce roi était conservée sur le radier alors qu’une autre partie, peut-être à l’Ouest du mur en calcaire, aurait été démolie par les constructeurs ptolémaïques. En plus du fragment de colonne de Nebhepetrê-Montouhotep remployé dans l’angle sud-ouest du radier et de celui servant de fondation au jambage nord de la porte axiale ptolémaïque (pls. 7, 8b-c), G. Pierrat signale un fragment inédit (T2528) du même type de colonne découvert en 1940,109 devant cette porte axiale, sous le dallage du vestibule ptolémaïque (pls. 8a, 19). Le texte gravé sur un des pans est identique, bien que symétrique, à celui du fragment remployé dans l’angle sud-ouest du radier (pl. 8d-e) ainsi qu’à celui extrait des fondations sur lesquelles repose le jambage nord de la porte ptolémaïque110 (pls. 7, 8b-d). Tous ces fragments provenant de la même colonnade, il y a de fortes chances qu’ils aient été remployés au même moment.

Fig. 2. Fragment T2528 de colonne polygonale en grès remployé sous le dallage devant la 3e porte de la salle II du vestibule ptolémaïque.

Le dallage en grès du radier

Le schéma111 de Bisson de la Roque indique qu’un dallage en grès, l’assise 4, recouvrait le radier (pl. 15). Le sol du temple le plus récent est ainsi placé ~37 cm au-dessus du dallage qui était associé au mur conservé de Sésostris Ier. La trace de l’appui de ce dallage de Sésostris Ier est bien visible contre l’assise de réglage en calcaire112 (pls. 2-4). Le jambage nord de la porte axiale repose sur une fondation dont l’arase est composée de blocs en grès prolongeant les dalles de l’assise 4 avec la même épaisseur (~37 cm). Comme le constate avec raison Bisson de la Roque, le dallage en grès recouvrant le radier est ainsi postérieur113 au mur de Sésostris Ier. Cependant, en laissant croire que deux assises au même niveau (-35 à -37 cm) soient obligatoirement contemporaines, il fait l’hypothèse que le dallage associé au mur de Sésostris Ier correspond à l’assise 3 (dont il ne restait que 9 blocs en calcaire et 2 en grès) qui supporte le dallage en grès (pls. 10, 14, 15, 21). Malheureusement, il semble oublier que cette assise 3 est construite de blocs probablement remployés (même s’ils ne sont pas décorés) comme le montre une partie des blocs démontés du radier et qui forme aujourd’hui un dallage moderne redessinant la surface du radier disparu. Nombre de leurs lits d’attente actuels présentent des traces d’aménagements antiques (pl. 26b+c+d). Ceux qui n’ont pas été utilisés dans ce dallage sont empilés plus à l’est à l’arrière du temple. Ces blocs ont dû être retaillés au même module avant d’être appareillés avec des joints assez fins et quelques décrochements visibles sur leur lit d’attente.114 Les photographies montrent que ce dernier ne semble pas assez bien ravalé pour avoir servi de sol115 (pls. 14, 15). Ces blocs disparates n’ont rien en commun avec les belles dalles en calcaire du temple de Sésostris Ier à Éléphantine (pl. 23). En tout cas, leur aspect n’incite pas à faire l’hypothèse que les assises du radier, en dehors des remplois de l’assise inférieure, soient constituées majoritairement de blocs venant directement de la carrière. Rien ne semble donc assurer que cette assise 3 du radier ait fait office de dallage au Moyen Empire comme l’a supposé Bisson de la Roque.

L’alignement du côté ouest du radier

Il faut tout d’abord rappeler que plus de la moitié du volume du radier avait disparu avant le début de son démontage en 1935. Le plan des blocs visibles en surface et une photographie de cette époque montrent clairement que le côté ouest du radier, en particulier son angle nord-ouest,116 n’est pas chaîné avec la fondation du mur de Sésostris Ier, cette dernière étant installée bien plus à l’ouest (pls. 14, 15, 20). C’est contraire à l’hypothèse de Bisson de la Roque qui restitue un plus grand développement du radier vers l’ouest, probablement parce qu’il a vu que ce radier se prolongeait sous les jambages de la porte axiale ptolémaïque à laquelle il servait de fondation comme le montrent deux de ses photos (pls. 7, 8b+c). En effet, s’il a bien compris qu’à l’emplacement de cette nouvelle porte ptolémaïque le mur de Sésostris Ier avait été démonté, il n’en a cependant pas conclu que sa fondation avait également été démantelée pour laisser la place à une nouvelle fondation sous la forme d’une excroissance vers l’ouest du radier. L’arase de cette nouvelle fondation est composée de blocs en grès prolongeant les dalles de l’assise 4 du radier avec la même épaisseur (~37 cm). Cette distance séparant la fondation de Sésostris Ier des deux angles sud-ouest et nord-ouest du radier confirme leur déconnexion structurelle qui apparaît également au niveau d’un long bloc en calcaire dessiné sur le plan de Bisson de la Roque au niveau -90 cm. Il est placé à l’ouest du côté ouest du radier dont il est séparé par un bloc en grès placé aussi au même niveau -90 cm (pls. 14a, 15b, 20). Cette boutisse en calcaire semble bien alignée avec la moitié nord du mur en calcaire de Sésostris Ier, dont elle doit constituer un des blocs de la fondation.

Deux photographies prises avant le démontage du radier montrent que la fondation du mur de Sésostris Ier n’est absolument pas liée aux blocs du radier (pl. 9c+e).

Le sectionnement de la fondation du mur en calcaire de Sésostris Ier

Toujours visible sur sa face orientale, l’assise de réglage de la fondation du mur en calcaire de Sésostris Ier et de son refend perpendiculaire est construite d’épais parpaings en calcaire placés en boutisse (10 parpaings sont visibles sous l’élévation conservée au sud de la porte axiale, pls. 1, 3b+c+d, 4b, 5a+c, 6a). Ils sont parfaitement jointifs et débordent de part et d’autre du mur épais de 2 coudées.117 Un sondage permettrait de mieux étudier cette fondation et d’en compter les assises dont une est visible au nord de la porte axiale (pls. 5c, 6c) et trois au sud de cette porte118 (pls. 7, 8a-c). L’extrémité sud conservée du mur de Sésostris Ier tourne à angle droit vers l’est. Les assises du mur sont chaînées avec celles du refend perpendiculaire ce qui est confirmé également sur l’assise de réglage de la fondation (pls. 1-4). La face ouest de la fondation est cachée par le vestibule ptolémaïque. Ce refend perpendiculaire ne conserve qu’une très petite surface de son parement nord où l’on voit la bordure segmentée du décor et la queue d’un personnage (roi ou dieu ?) (pl. 3a). Comme l’indiquent les traces de trois coins éclateurs, la fondation du refend perpendiculaire a été sectionnée à moins d’un mètre de l’angle avec le mur ouest conservé de Sésostris Ier (pl. 3c+d). Ce sectionnement n’est certainement pas lié au démontage du radier par Bisson de la Roque car les cassures ne sont pas fraîches et les trois impacts des outils semblent bien antiques. Il n’est pas non plus lié au percement de la porte donnant accès à la nouvelle ‘salle des offrandes’ ptolémaïque car ce remaniement ne concerne que l’élévation du mur de Sésostris Ier et absolument pas sa fondation.

La logique constructive imposant que cette fondation ait été démantelée après les assises en élévation qu’elle supportait, il est certain que ce refend a été volontairement détruit à un moment de l’histoire du temple. Aucun sondage stratigraphique n’ayant été réalisé entre le radier et cette fondation, il n’est alors possible de proposer une chronologie de cette destruction que par un raisonnement sur les vestiges architecturaux.

L’élévation conservée du mur en calcaire de Sésostris Ier

Par comparaison avec la façade du temple de Sésostris Ier à Éléphantine119 (pl. 23a), il est très possible que la porte placée au sud du mur de façade à Tôd ait été l’unique accès au temple de ce roi ce qui rend bien improbable l’existence d’une porte axiale à cette époque. Cette façade ouest a été largement découpée dans sa partie médiane à l’époque ptolémaïque120 pour y installer une porte axiale, ouverture qui ne semble pas avoir existé auparavant (pls. 7, 8b+c). En effet, le seuil121 de cette nouvelle porte ainsi que ses jambages reposent ici sur une nouvelle fondation installée au moment de cet aménagement et non pas sur la fondation du mur de Sésostris Ier qui a dû être démontée en même temps que son élévation. Sous le jambage nord ptolémaïque, cette nouvelle fondation remploie un tambour en grès de colonne octogonale au nom de Nebhepetrê-Montouhotep122 ainsi qu’un long bloc en calcaire dur provenant vraisemblablement du démontage du mur de Sésostris Ier ou de sa fondation (pls. 7, 8b+c). La présence de ce tambour incite à penser que cette fondation est contemporaine de deux autres fondations proches où des tambours similaires ont été découverts : l’angle sud-ouest du radier et la fondation du dallage du second vestibule ptolémaïque (pl. 19). Les photos Bisson de la Roque 2392 et 2393 sont les seules qui montrent l’encastrement des blocs du radier sous la fondation du jambage nord de la porte axiale ptolémaïque ce qui démontre une mise en œuvre commune. L’arase de cette fondation est composée de blocs en grès prolongeant les dalles de l’assise 4 avec la même épaisseur (~ 37 cm). L’ouverture ptolémaïque a ainsi fait disparaître, des deux parements, la partie centrale de la décoration de Sésostris Ier mais les vestiges conservés des parties latérales, au nord et au sud de cette nouvelle porte, permettent de reconstituer partiellement le décor.

Le parement ouest très légèrement taluté

Partie du mur située au sud de la porte axiale :
Gravé en creux, un grand texte de 63 colonnes couvrait la partie du parement actuellement au sud de la grande porte axiale123 (pl. 22b). Les colonnes se lisent de la gauche vers la droite soit à rebours de l’orientation ‘dominante’ de l’écriture hiéroglyphique.124 L’écriture rétrograde n’est pas courante dans les textes des temples à l’exception de contextes très particuliers. Contrairement à l’exemple d’Éléphantine, il est toujours possible d’imaginer une autre porte vers laquelle se dirigeraient les dieux-Nils. Faudrait-il alors restituer à gauche de l’inscription une seconde porte dont rien n’a subsisté ? C’est une hypothèse qui devrait plaire aux épigraphistes car ils y trouveront peut-être l’explication à cette orientation du grand texte de Sésostris Ier qui est bien gravé à gauche d’une porte bien réelle et assurément contemporaine de ce grand texte. Cependant, au cas où l’existence de cette seconde porte serait confirmée, il faudra trouver une bonne raison épigraphique pour ne pas restituer de refend intermédiaire séparant les scènes du parement oriental du mur en calcaire conservé (pl. 22a). En réalité, cette seconde porte me semble compliquer la restitution architecturale du plan du monument de Sésostris Ier.

Le sommet du mur conservé en calcaire correspond au haut du texte qui était logiquement couronné d’un tore surmonté d’une corniche125 (pls. 6, 22b). Sur le parement oriental opposé, au sommet du mur en calcaire, une frise de khekerou couronne une décoration en creux qui ne semble pas contradictoire avec l’installation d’une couverture comme le montre, à Éléphantine, le temple de Sésostris Ier (pl. 23). En effet, la décoration intérieure du temple de Satet mélange relief et creux sur le même parement (pl. 23b) ce qu’on voit ailleurs à Karnak comme par exemple sur les parements extérieurs du portique de Sésostris Ier où les petites scènes des angles sont en relief alors que la grande représentation du roi sous son dais est en creux. Au Nouvel Empire, ce mélange des techniques est aussi visible dans la cour à portique de Thoutmosis IV et la Salle Hypostyle de Séthy Ier.

Il est ainsi possible de restituer une dalle de plafond reposant sur le mur en calcaire de Sésostris Ier. Le parement ouest de cette dalle (ou bien le bloc qui la prolonge vers l’extérieur) était taillé d’une corniche et d’un tore coiffant le parement ouest ce qui est la disposition la plus souvent mise en œuvre en architecture égyptienne (pl. 22b).

Après la colonne de texte la plus à droite (pl. 3e+f), l’extrémité sud du parement assez mal conservée mais sa base possède un vestige ténu du parement d’origine. Ce parement lisse est en débord de 2 cm sur le nu du texte. Ce ressaut est caractéristique du chambranle qui ornait le jambage nord de la porte démantelée de Sésostris Ier qui a été décrite plus haut (pls. 1-3e+f). La partie supérieure du chambranle, probablement décorée, a été entièrement arasée à l’époque ptolémaïque jusqu’au nu du texte de Sésostris Ier. Cette surface aplanie a ensuite été gravée d’une nouvelle décoration mal conservée aujourd’hui mais qui laisse deviner des lignes verticales probables vestiges d’un décor de tiges végétales. Le vestige du ressaut du chambranle n’a pas été ravalé car il était invisible, caché derrière l’appui du dallage ptolémaïque, tout comme la base des colonnes du texte de Sésostris Ier (pl. 22b).

Partie du mur située au nord de la porte axiale :
Au nord de la porte axiale ptolémaïque, le parement en calcaire est beaucoup moins lisible mais on observe, au niveau du dallage ptolémaïque, un défilé d’au moins trois dieux-Nils agenouillés dont les bras tendus supportaient des offrandes sous lesquelles pendaient un was entre deux ankh126 (pl. 6b+c+d). Des vestiges de tableaux d’offrande peuvent être restitués au-dessus et probablement encore plus à gauche, vers le nord.127 En effet, plus au nord, un long bloc en calcaire, placé en boutisse au niveau -90, pourrait être le seul vestige conservé de la fondation du mur de Sésostris Ier (pls. 14a, 19c). Ici encore, la comparaison avec Éléphantine est possible puisque des tableaux d’offrandes semblables apparaissent à gauche du texte en colonnes gravé sur la façade du temple de Sésostris Ier (pl. 23a). À Éléphantine, la partie du parement placée sous les tableaux est restée lisse alors qu’à Tôd ce parement est décoré des dieux-Nils agenouillés (pls. 6b+c+d). Sans aucune nécessité ni indice tangible, Bisson de la Roque restitue, dans cette partie du mur, une petite porte percée à l’époque ptolémaïque et qui serait le pendant de celle existant au sud de la porte axiale. Je ne partage pas cette restitution.

Un bloc en calcaire dur (T2489), retaillé circulairement, provient des fouilles du dromos. Il est décoré en relief d’une représentation de Montou suivie de la statue d’Hathor fauconne. Contrairement à J. Vercoutter et P. Barguet,128 M. Étienne estime avec raison que ce bloc provient d’une des cryptes, aujourd’hui disparues, du vestibule ptolémaïque.129 Son hypothèse est aussi liée à la présence de fragments en calcaire de la ‘chapelle copte’ qui ont sur leurs tranches des vestiges de décoration similaire. Il restitue ce bloc circulaire dans les cryptes hautes alors que l’absence d’un décor primitif sur ce bloc en calcaire dur me laisse plutôt supposer qu’il proviendrait des cryptes basses adossées, au nord de la porte axiale, contre le mur en calcaire de Sésostris Ier. Plus précisément, il est possible d’imaginer que ce bloc appartenait à l’élévation de ce mur en calcaire dont le parement lisse n’aurait été décoré qu’à l’époque ptolémaïque.

Le parement oriental

Les vestiges d’au moins quatre scènes sont gravées également en creux sur le parement oriental. La frise de khekerou qui couronne encore les scènes 2 et 3 devait se poursuivre au-dessus des autres scènes. Cette frise indique le sommet du mur sous la couverture.

Les trois scènes conservées à gauche de la porte axiale ptolémaïque se déroulent de gauche à droite (pls. 4, 5a) :

On observe ainsi une disposition symétrique de part et d’autre de la scène 2 ce qui laisse supposer que l’axe de cette scène marque celui d’une pièce dont un refend est bien amorcé au sud alors que celui restitué hypothétiquement au nord a été détruit par la construction de la porte axiale ptolémaïque (pl. 22).

Plus loin une seule scène est partiellement conservée à droite de la porte axiale ptolémaïque. Les scènes disparues peuvent être restituées de gauche à droite (pl. 5b) :

Bien que détruit après la scène 6, le mur devait se poursuivre vers le nord comme l’indique, au niveau -90 cm, un long bloc en calcaire placé en boutisse dans l’alignement du mur (pls. 14a, 15b, 20). Cette boutisse semble appartenir à l’assise inférieure de la fondation du mur de Sésostris Ier.

Comme l’a restitué Bisson de la Roque131, il est toujours possible d’imaginer, à l’époque de Sésostris Ier, une porte axiale moins large que la porte axiale ptolémaïque. Cependant, à l’image de la façade du temple d’Éléphantine (pl. 23), rien n’empêche la décoration du parement ouest du mur en calcaire d’être continue entre le défilé des dieux-Nils, à gauche, et le texte en colonnes, à droite. Cette dernière proposition semble aussi confortée, sur le parement oriental du mur, par l’axe de symétrie de la scène 2 encadrée par les scènes 1 et 2, symétrie qui a permis précédemment de faire l’hypothèse d’un mur de refend détruit par la construction de la porte axiale ptolémaïque.

Les assises en grès ajoutées à l’époque ptolémaïque au-dessus du mur en calcaire de Sésostris Ier

Le mur de refend perpendiculaire aux assises en grès

Les assises en grès, ajoutées au-dessus de la partie sud du mur en calcaire de Sésostris Ier, possèdent l’accroche d’un refend perpendiculaire qui n’existe pas sur le mur primitif puisque la décoration des scènes de fondation 2 et 3 de ce mur est continue à l’aplomb du refend ptolémaïque disparu (pl. 4a). Ce refend, avec lequel le mur ptolémaïque en grès était chaîné comme le montre sa partie supérieure conservée, devait s’appuyer au parement oriental du mur de Sésostris Ier sur lequel aucune trace de chaînage n’existe sur la photographie (pl. 5a).

S’il est de facto postérieur à Sésostris Ier, ce refend a obligatoirement été construit en même temps que le vestibule ptolémaïque. En effet, comme cela a déjà été expliqué (cf. 1. Un contresens architectural) la décoration en relief est bien achevée sur la partie supérieure du parement oriental de la façade, partie en grès ajoutée par le constructeur ptolémaïque (pl. 1a), ainsi que sur le vestige d’architrave (pl. 18b). C’est donc bien une décoration intérieure, et non extérieure, au-dessus de laquelle il faut obligatoirement restituer une couverture puisque la décoration des pièces couvertes ne peut pas commencer avant l’achèvement de la construction des murs ni de la mise en place des dalles de plafond.

Ce refend était-il fondé sur une fondation indépendante dont aucune trace n’a été décrite par Bisson de la Roque à l’est du mur en calcaire ou bien reposait-il simplement sur le radier qui a également disparu à cet endroit ? Dans cette dernière hypothèse où le radier lui aurait servi de fondation, il est alors très vraisemblable que le refend et le radier aient été contemporains. Le refend semble bien aligné avec le mur de même orientation qui cloisonne le vestibule ptolémaïque (côté ouest) (pl. 20).

L’architrave perpendiculaire aux assises en grès

L’amorce d’une architrave en grès (pls. 4a, 18b) est conservée, juste au sud de la porte axiale ptolémaïque, au sommet du parement oriental des assises en grès ajoutées au-dessus de la partie sud du mur en calcaire de Sésostris Ier. La décoration du parement sud de l’architrave est toujours visible près de l’angle (pl. 18b). Lorsque l’architrave était complète, son extrémité orientale devait reposer sur une colonne dont le plot de fondation et sa fosse ont été identifiés dans le radier par Bisson de la Roque qui en a publié le dessin et la photographie (pls. 16e, 19d). Un plot symétrique existe au nord de l’axe ce qui permet de restituer une seconde colonne et par conséquent une architrave encastrée juste au nord de la porte axiale ptolémaïque (pls. 18a, 19, 20). Découverts au moment de la fouille du radier, ces plots de fondation et leurs fosses dans le limon ont toujours été considérés par Bisson de la Roque comme contemporains du radier. L’amorce d’architrave étant assurément ptolémaïque, la colonne l’était aussi certainement ainsi que le plot de fondation sur laquelle elle reposait. Ce plot étant contemporain du radier, ce dernier ne pouvait avoir été installé qu’à l’époque ptolémaïque.

4

L’hypothèse de niveau et d’emplacement des chapelles de la 11e dynastie

Deux faibles indices laissent penser que les petites chapelles en calcaire construites par les lointains prédécesseurs132 (Nebhépetrê-Montouhotep II, Séânkhkarê-Montouhotep III) de Sésostris Ier n’ont pas été conservées au moment de la construction de son nouveau temple en calcaire (c’est aussi l’opinion de Bisson de la Roque mais pas pour les mêmes raisons car pour lui le temple de Sésostris Ier reposait sur le radier contenant les remplois de ses prédécesseurs) :

Les blocs remployés de la 11e dynastie

Les blocs des chapelles démantelées ont été soigneusement remployés dans les fondations du temple ptolémaïque comme le montre un fragment de colonne octogonale en grès (T1126) remployé dans la fondation du jambage nord de sa porte axiale. Le nom de Nebhepetrê-Montouhotep est gravé sur un des pans de cette colonne dont le diamètre est identique à celui des deux colonnes octogonales remployées dans le côté sud du radier. Un troisième fragment similaire T2528 (texte identique mais symétrique) a été remployé légèrement plus à l’ouest sous le dallage du vestibule ptolémaïque en compagnie d’un linteau en grès T2527 au nom d’Amenemhat VII134 (pl. 19). La fondation de la porte axiale ptolémaïque serait ainsi déconnectée de celle du mur en calcaire conservé de Sésostris Ier135 alors qu’elle serait bien liée au radier comme le montrent les blocs de ce dernier encastrés dans la fondation du jambage nord de la porte axiale (pls. 7, 8b+c). Les deux photographies 2392 et 2393 démontrent que le radier et la fondation de la porte axiale ptolémaïque sont bien contemporains. Il serait intéressant de vérifier si les fondations du vestibule ptolémaïque sont également liées à celles de la porte axiale comme le laisse supposer le remploi du fragment de colonne T2528. Si cette hypothèse était confirmée, le radier devrait alors être considéré comme s’étendant plus à l’ouest ou bien comme divisé en deux parties séparées par le mur de Sésostris Ier.

Ces blocs décorés du Moyen Empire sont peut-être réapparus à l’époque ptolémaïque au moment du démantèlement partiel du temple de Sésostris Ier. Ils ont ensuite été remployés à nouveau dans le radier, support des murs intérieurs du temple ptolémaïque. Le constructeur de ce dernier aurait alors placé, à la base du radier, les coffres au nom d’Amenemhat II sans en avoir modifié le contenu ainsi que le dépôt n° 2 contenant les quatre statuettes d’Osiris en bronze doré. Un bloc en calcaire au nom de Nectanébo II136 a également été remployé dans l’assise 3 du radier. Comme rien ne prouve qu’il ait été encastré sous le dallage en grès à l’occasion d’une restauration, il est possible d’imaginer que ce remploi ait pu être mis en place au moment de la construction du radier. Cette construction serait par conséquent postérieure à ce roi de la 30e dynastie137 ou bien à l’époque ramesside au cas où l’hypothèse de L. Postel se confirmerait.

Les bases en place au niveau -130 cm

Au pourtour du vestibule et du radier, un dallage ptolémaïque en brique a été démonté par Bisson de la Roque partout où cela était possible.138 Cinq bases en calcaire ayant supporté des colonnettes ont été découvertes en place à un niveau variant de -115 cm à -130 cm (plan I de Bisson de la Roque) près de l’angle sud-ouest du vestibule ptolémaïque (pl. 10a) dans un espace restreint (12,5 x 8,5 m). Deux des bases (Ø 54 cm), espacées de 4,50 m, reposent sur un lit de sable alors que les trois autres (Ø 48 et 46 cm) reposent horizontalement sans sable. D’une part, le niveau -130 cm permet de supposer que ce sont des restes de constructions antérieures à celle du temple de Sésostris Ier dont le dallage est situé 93 cm plus haut. D’autre part, le dallage en briques crues (37 x 18 x 13 cm) identifié à l’ouest du mur C’’ et au nord du mur B (dont l’extension orientale a été aperçue par Bisson de la Roque sous l’enceinte ptolémaïque), celui reposant sur le remblai R daté de la 11e dynastie, se trouvent à un niveau supérieur qui oscille entre -56 cm au sud et entre -91 à -106 cm au nord.139 Le sol associé aux bases en calcaire se trouvait alors ~1 coudée plus bas que le dallage en brique attribué à la 12e dynastie.140 Cette importante différence de niveau incite à dater ces bases antérieurement à la 12e dynastie. Elles devaient supporter des colonnettes en bois ou en pierre de façon à constituer un porche placé devant de petites chapelles comme on peut en voir dans le sanctuaire d’Héqa-ib sur l’île Éléphantine. Toutefois, il est prudent d’attendre l’étude architecturale des chapelles de la 11e dynastie, dont des blocs ont été remployés dans le radier, avant d’émettre une hypothèse les liant à ces bases.

Conclusion

Je viens de développer les raisons pour lesquelles le radier ne peut pas être attribué à Sésostris Ier. Un parallèle peut être établi avec le temple de Montou à Médamoud où deux radiers de fondations ont été identifiés par Bisson de la Roque :141

Désormais, pour l’époque de Sésostris Ier, l’hypothèse la plus plausible serait de restituer à Tôd un temple en calcaire (de petites dimensions puisque sa hauteur sous plafond est de 3,90 m), dont l’accès principal serait la porte dont le jambage nord est encore en place dans le mur conservé. Le temple de Satet construit par Sésostris Ier à Éléphantine possède une façade similaire, sa porte d’accès n’étant pas axiale mais placée à son extrémité droite, après un grand texte en colonnes mais avec un sens de lecture opposé (pls. 21a, 23a). Le reste du plan est pour le moment impossible à déterminer, à l’exception de l’amorce conservée d’un mur de refend et d’un autre hypothétique qui lui est parallèle pour fermer l’espace dont l’axe de symétrie passe au milieu de la scène 2 (pls. 5a, 21, 22a). C’est la raison pour laquelle je me suis abstenu de pousser plus loin sa restitution. Les planches 21 et 22 ne proposent qu’une hypothèse pleine d’interrogations à l’exception de son mur ouest bien assuré par les vestiges en place. Le léger talus de son parement ouest en fait une face extérieure du temple de Sésostris Ier dont la porte pourrait être celle en place à son extrémité sud. Cette hypothèse ne s’apparente à aucun autre édifice connu, à part la façade comparable à celle d’Éléphantine grâce à sa porte désaxée et son couloir d’accès. Il est vrai que l’architecture des temples en pierre du Moyen Empire n’est connue que par cinq exemples aux plans différents et pas toujours fiables :

De rares exemples de temples du Moyen Empire en brique crue sont assez mal conservés147 alors qu’à Tôd, le temple est en beau calcaire dur ce qui rend la comparaison de leurs plans très difficile :

La porte en granite au nom de Sésostris Ier, dont certains fragments étaient remployés à la surface du radier (pl. 11c+d), appartiendrait à l’édifice en calcaire pour les raisons déjà expliquées (supra. Les fragments de la porte en granite de Sésostris Ier remployés dans le radier).

L’étude des fragments au nom de Sésostris Ier découverts sur le site devrait permettre de reconstituer des parements et des angles de pièces.148 À l’exception de petits fragments en calcaire, aucun gros bloc en calcaire de Sésostris Ier n’a été découvert remployé dans le radier. Cette absence de remploi de blocs en calcaire peut s’expliquer par le démantèlement poussé du radier dès la fin de l’Antiquité, radier dont plus de la moitié du volume avait déjà disparu au moment de la fouille. En effet, seule une quarantaine de blocs décorés datés de la 11e dynastie y furent découverts. Ils étaient remployés dans les côtés nord, est et sud de ce grand radier réduit à l’état de ruine et dont les côtés est et ouest avaient presque complètement disparu (pls. 7, 8, 14, 16). De tels manques incitent à supposer que des blocs en calcaire de Sésostris Ier y étaient remployés avant de disparaître au cours du démantèlement du radier utilisé comme carrière.

De nombreux blocs en grès de Thoutmosis III ont été découverts à Tôd. Certains étaient remployés dans les fondations du vestibule ptolémaïque.149 Comme pour les blocs en calcaire de Sésostris Ier rien n’empêche d’imaginer que certains blocs de la 18e dynastie aient été remployés dans les parties disparues du radier. En effet, plus de la moitié du volume du radier manquait au moment de la fouille. L’étude de ces blocs et d’éventuels assemblages permettrait d’identifier le ou les monuments dont ils proviennent et qui étaient probablement construits sur la vaste esplanade séparant le mur C, à l’ouest, de la façade du temple de Sésostris Ier, à l’est.

Le radier ne peut pas être attribué à Sésostris Ier pour deux raisons :

Le radier est forcément postérieur à la 30e dynastie pour deux raisons :

Cependant, la technique de construction du radier diffère de celle utilisée généralement dans les temples ptolémaïques comme on le voit au temple d’Opet à Karnak et à Armant. En effet, les fondations des murs de ces derniers sont bien identifiées et construites en blocs installés à l’aplomb des élévations. Ces murs de fondation forment un quadrillage qui délimite des caissons dans lesquels est installé un remplissage de blocs en remploi mélangeant le calcaire, le grès et le granite. Ce mélange des matériaux a été également observé, à Karnak, dans la plateforme encastrée à l’ouest du radier, que je date du début du Nouvel Empire, et occupant l’emplacement de la cour du Moyen Empire. Cette technique n’a pas été utilisée à Tôd mais l’éventuel démontage des vestiges du dallage toujours en place du vestibule ptolémaïque pourrait révéler des surprises !

Une question attend toujours une explication : pourquoi avoir intégré le mur en calcaire de Sésostris Ier dans la construction ptolémaïque et avoir augmenté sa hauteur de 4,3 m avec des assises en grès ? Ceci soulève une interrogation sur l’histoire architecturale du temple. Et c’est bien l’observation de l’architecture qui donne à Tôd la solution et non pas l’archéologie ni l’épigraphie. Il suffit de faire une reconstitution en trois dimensions des vestiges conservés. En effet, si j’ai fait l’hypothèse que le radier date de l’époque ptolémaïque, c’est qu’il a servi de fondation à un édifice qui est obligatoirement contemporain du vestibule ptolémaïque. Il suffit d’observer le parement oriental de la surélévation ptolémaïque au-dessus du mur de Sésostris Ier. On y voit l’amorce d’un mur perpendiculaire se développant vers l’est et qui devait obligatoirement reposer sur le radier ; on y voit aussi un fragment d’architrave toujours encastré (pls. 1, 4a, 17a, 18b) au sommet. Cette architrave se prolongeait vers l’est jusqu’à un support (colonne ou pilier) qui ne pouvait qu’être posé sur le radier et dont la hauteur était bien supérieure à celle du temple de Sésostris Ier. Cette plus grande hauteur empêche que l’architrave ait reposé sur un support conservé du temple du Moyen Empire. Ce support implique également le démontage complet de la couverture du temple primitif. Un tel chantier montre qu’à l’époque ptolémaïque, le constructeur ne reculait devant aucun effort comme la destruction de l’extension vers le sud, dont la porte, du mur de Sésostris Ier. Les vestiges sont bien là et il faut constater que, contre toute logique constructive, le constructeur ptolémaïque a conservé un seul mur en calcaire, sur ses propres fondations, après avoir supprimé d’abord la couverture du monument puis les autres murs et probablement d’autres structures de la 18e dynastie dont on ignore l’emplacement. Les vestiges montrent que ce mur en calcaire a été ensuite intégré dans le vestibule ptolémaïque en le surélevant de façon hétérogène et qu’il a été percé de portes qui n’arriveront pas à le fragiliser puisqu’il est toujours debout ! Tout cela pour finir, au moins en façade ouest, par y appuyer un nouveau mur perpendiculaire en grès (pls. 1, 6a, 18b) puis par recouvrir l’ancien décor de Sésostris Ier d’un enduit et enfin d’y graver par-dessus de nouvelles scènes sans aucun rapport avec l’iconographie précédente. Si ce remaniement architectural paraît techniquement illogique, son objectif est loin d’être évident puisqu’il fait en grande partie disparaître le nom de Sésostris Ier dont on aurait voulu pieusement conserver le souvenir. Cependant, son mur en calcaire est préservé et, même si on n’en voit pas la décoration (comme les remplois), il est toujours dans l’espace sacré ! Mais les aberrations constructives ne manquent pas dans l’Égypte antique comme le montre si bien à Karnak le programme de construction de Thoutmosis III qui a subdivisé les espaces d’Ipet-sout en cachant ses propres décors.

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Planches

Planche 1

Le vestibule ptolémaïque adossé contre le refend de Sésostris Ier.

Planche 2

La porte de Sésostris Ier et des portes semblables à Médamoud.

Planche 3

L’angle des deux murs conservés de Sésostris Ier.

Planche 4

Le parement oriental du mur en calcaire de Sésostris Ier.

Planche 5

Le parement oriental du mur en calcaire de Sésostris Ier.

Planche 6

Le parement ouest du mur en calcaire de Sésostris Ier.

Planche 7

Fondation du jambage nord de la porte ptolémaïque axiale.

Planche 8

Colonnes polygonales remployées dans l’assise inférieure du radier et également en fondation du jambage nord de la porte ptolémaïque ainsi que le sous dallage du vestibule ptolémaïque.

Planche 9

Fouille de l’église construite au-dessus du radier.

Planche 10

Fouille du radier vu du sud vers le nord.

Planche 11

Porte en granite de Sésostris Ier.

Planche 12

Chambranle extérieur de la porte en granite de Sésostris Ier.

Planche 13

Chambranle intérieur de la porte en granite de Sésostris Ier.

Planche 14

Blocs remployés dans le radier.

Planche 15

Le démontage du radier.

Planche 16

Blocs remployés dans le radier.

Planche 17

Les tracés sous le radier démonté.

Planche 18

Appui du vestibule ptolémaïque contre l’angle des deux murs perpendiculaires de Sésostris Ier.

Planche 19

Plan du temple de Tôd.

Planche 20

Plan du temple ptolémaïque à Tôd.

Planche 21

Plan restitué du temple de Sésostris Ier à Tôd.

Planche 22

Façade restituée du temple de Sésostris Ier.

Planche 23

Éléphantine : le temple de Satet construit par Sésostris Ier.

Planche 24

Le radier de Médamoud.

Planche 25

LTemple d’Opet à Karnak : blocs remployés en dallage du radier.

Planche 26

L’emplacement du radier reconstitué avec les blocs en calcaire provenant de son démontage.